Un Amazighe ne peut être qu'amazighe.
Ni
le mythe selon lequel les Amazighes viennent d'Europe, ni celui qui dit
que les Amazighes viennent d'Asie ne peuvent être admis. Des
pseudo-historiens et généalogistes falsificateurs, pour prétendre que
les Amazighes sont d'origine de telle ou telle région, de tel ou tel
peuple, n'ont trouvé que d'inventer des fables et d'appliquer les
méthodes mensongères. J'attire l'attention sur le fait que les Imazighen
(Amazighes) ne viennent de nulle part, puisque leur existence
civilisationnelle remonte à la nuit des temps, mais il est admis que les
influences circonstancielles et les interactions réciproques de
plusieurs peuples, tels que les Egyptiens, les Grecs, les Phéniciens,
les Romains... et, dernièrement, les Arabes, avaient bel et bien existé
et ce, par rapport à la position géographiquement-naturellement
stratégique de l'Afrique du Nord. Ce qui est irréfutable, c'est que
l'Amazighe est certainement le plus permanent et le plus important et le
plus ancien. De nos jours, les recherches se poursuivent activement et
ouvrent de nouveaux champs de connaissance sur le passé le plus lointain
des Amazighes.
La présence et les manifestations de la
civilisation amazighe étaient depuis la haute antiquité attestées sur
une très vaste contrée africaine que couvre Tamezgha (l'Amazighie).
Toutes les études scientifiques s'accordent sur le fait que les
principaux éléments de la culture amazighe sont en place depuis la
préhistoire : une même langue de communication, un peuple, un type
d'arts, la même tenue alimentaire et vestimentaire... un mode de vie
typiquement nord-africain. Cette civilisation, qui n'était jamais
isolée, a sans être absorbée, su se développer au contact d'autres
peuples du pourtour de la Méditerranée.
Il n'est pas sans
utilité de dire qu'il existe une culture amazighe nourrie d'un ensemble
d'interactions qui, en étant imprégné des civilisations
méditerranéennes, assurait les relations entre la rive nord de la
méditerranée et celle du Sud. Ces influences interactives et complexes
expliquent, d'un coté, la tendance à donner et à supposer aux Imazighen
des origines extra-nord-africaines.
Les amazighes ont
pratiquement occupé tout le nord de l'Afrique depuis des temps
immémoriaux. Et malgré les occupations historiques successives, les
envahisseurs, en occupant surtout des portions littorales, étaient tout
le temps contraints de respecter les royaumes amazighes situés à
l'intérieur des terres. En partant d'Ibn Kheldoun, fondateur de
l'histoire sociologique, les généalogistes et les historiens les plus
sérieux avaient rejeté les énoncés qui faisaient de ces Amazighes des
groupes ethniques d'origine tantôt grecque, tantôt perse, tantôt
palestinienne, tantôt arabe... tantôt aryenne et tantôt sémite.
Bien
qu'une lecture critique des sources documentaires médiévales peut
apporter des informations d'un intérêt inestimable, entre autres, les
noms de tribus et de confédérations de tribus amazighes, les méthodes
généalogiques utilisées par l'historiographie médiévale, pour expliquer
les origines des groupes ethniques qui peuplent depuis des époques
préhistoriques l'Afrique du Nord, ne sont fondées ni objectivement, ni
scientifiquement. Presque tous les historiens et les chroniqueurs
médiévaux ont utilisé brillement leur pseudo-savoir pour inventer aux
berbères des ancêtres communs liés à « un arbre généalogique
principalement sémitique » à son tour fictif et ce, seulement pour se
tailler des histoires sur mesure afin de montrer la supériorité d'une
langue dans laquelle était révélée une religion et à laquelle l'on
attachait son ascendance. Ces histoires montées de toutes pièces font
qu'aujourd'hui beaucoup de gens croient à ces ascendances au même titre
qu'à force de mentir, le mensonge finit par devenir vérité – mais pas
pour l'éternité - .
Toutes ces origines que l'on suppose aux
Imazighen restent du domaine des pures légendes. Elles ont un grand
dénominateur commun, c'est qu'elles demeurent de nature à fausser les
pistes du savoir et de l'intelligence. En anecdote, l'on a même
rencontré des familles qui détiennent des arbres généalogiques qui, en
couvrant dans les meilleurs cas 100 générations, les font remonter
jusqu'à Adam. Cependant on oublie que si l'on se fie aux calculs établis
par les anthropologues quant à l'apparition de l'espèce humaine (13
Ma), on serait conduit à donner le chiffre d'environ 394.000 générations
ayant traversées les époques historiques et, notamment, préhistoriques
où aucun humain n'usait encore d'une graphie. Ces arbres généalogiques
qui existent ça et là ne peuvent que montrer ces fabulations
généalogiques, l'inexactitude et la crédulité des gens. En fin, ce
chiffre de 100 générations n'équivaut en grosso modo qu'à une durée de
3.000 ans. Ce qui, aux yeux de la science, est insensé et inadmissible.
Pour
illustrer ce qui précède, l'on peut citer une d'elle qui fait remonter
les Amazighes à une conquête fictive qu'aurait menée un chef ou un roi
arabe du nom d'Afrikech (ifricos). La nature totalement erronée de cette
histoire saute bien aux yeux, puisque même le nom de ce chef imaginaire
dont la forme rappelle celui de l'Afrique qui n'est que d'origine
amazighe, ce qui est déjà incompatible du point de vue linguistique avec
l'arabe. Il y a lieu d'évoquer ici que, suite à des combats qui
conduisaient aux victoires des uns et aux défaites des autres et surtout
à la mobilité des tribus amazighes qui étaient déjà imbriquées les unes
dans les autres géographiquement et ethniquement, la conquête arabe qui
fut terrestre et non maritime apporta de grands bouleversements
jusque-là inconnus et changea le jeu politique, la répartition
géographiques des tribus et affecta lentement, mais sûrement, la carte
linguistique nord-africaine qui avait marqué jusqu'alors la stabilité et
la continuité de la langue des Imazighen. A l'échelle du Nord de
l'Afrique, la mosaïque ethnique des Imazighen rappelle jusqu'aujourd'hui
l'existence d'un ancêtre symbolique qui, s'il n'était pas madghès
(imedghasen) – appelé aussi El-Botr - ou Branès (ibernas), il serait
Amazighe, ancêtre éponyme des Berbères.
L'occupation par les
Amazighes de tout le sous-continent africain (y compris une partie de
l'Égypte pharaonique) depuis la nuit des temps, aidait aussi à la
création des grandes villes qui allaient former le noyau à partir duquel
se constitua la civilisation et les dynasties pharaoniques. Les études
égyptologiques présentent de nos jours une valeur universelle du fait
qu'elle aboutit à jeter la lumière sur le développement d'une
civilisation raffinée dans la région géographiquement avantagée de la
grande vallée du Nil ayant pris racine sur le continent africain. Grâce
aux avancées perçantes des sciences, l'on sera par ailleurs
plausiblement conduit à affirmer que l'Afrique fut non seulement le
centre de l'apparition de l'homme, mais aussi son centre d'évolution et
de dispersion vers les deux autres continents terrestres : l'Europe et
l'Asie. Là, la théorie la plus appuyée sur l'origine de l'homme permet
dans l'état actuel des recherches, de conclure sur l'origine
géographique africaine de la lignée humaine. L'apparition de l'espèce
humaine remonte à environ 13 Ma avant aujourd'hui. Au regard de la
marche de l'humanité, le continent africain peut être considéré comme
non seulement l'utérus terrestre ayant donné naissance au premier homme,
mais aussi le premier et le plus grand théâtre sur lequel se jouait le
drame de l'évolution humaine.
Et c'est grâce aux interactions des
civilisations amazighe et égyptienne dans un même creuset que se
provoqua la constitution des premiers fondements pré-dynastiques de
l'Egypte antique. Beaucoup de Libyens profitèrent des échanges très
anciens entre amazighes et égyptiens pour s'installer près du Nil et sur
le bord des lacs. Et malgré les vicissitudes des millénaires, l'on
rencontre jusqu'aujourd'hui la présence de l'oasis Siwa peuplée par des
amazighes qui, en continuant de vivre en vase clos, pratiquent une
variante amazighe appelée Tasiwit (le Siwi) et ce, en plein milieu de
l'immense désert. Ce sont les rescapés de l'histoire des populations
amazighes dans cette contrée d'Egypte. Le terme amazighe aghurmi
(garamante) a pu se conserver jusqu'à nos jours dans le Sud de la région
de Siwa. A présent, il est largement admis que la présence de termes de
souche linguistique amazighe dans les dialectes égyptiens des régions
où vivaient les Lebous n'est qu'un des signes du contact quasi-permanent
entre les deux langues en question, à savoir l'Egyptien et l'Amazighe.
L'un
des événements les plus importants de l'Égypte pharaonique s'attache au
nom du roi amazighe Chachnaq 1er. Suite à une ancienne et
traditionnelle incorporation de mercenaires amazighes dans l'armée
égyptienne royale, l'Aguellid Chachnaq 1er après avoir vaincu de manière
éclatante les armées du Pharaon, fonda la première dynastie amazighe
d'Egypte. A ce propos, l'an zéro du calendrier amazighe se réfère à
cette date historique de 950 avant J.-C. où Chachnaq fut monté sur le
trône et fonda la 22ème dynastie de l'Egypte antique. Ces rois amazighes
régnèrent sur tout le Delta et conservèrent ce trône dynastique durant
plus de deux siècles, ce qui leur avait permis de jouer un grand rôle
dans l'histoire égyptienne. Y a-t-il lieu d'évoquer ici que ce souverain
était parvenu jusqu'à envahir la Palestine, qui était une contrée
égyptienne, et piller les trésors du temple de Salomon dans la ville de
Jérusalem (la Bible évoque ce Roi/Aguellid amazighe sous le nom de
Sesac. Le même nom d'Aguellid, évoqué sous formes de Goliat et Djalout
(selon les sources arabes), était un titre porté par le Roi que des
généalogistes l'avaient à tort fait descendre de Pharès, ancêtre des
Persans, et d'autres les avaient fait émigrer de la Syrie. Des sources
ont affirmé que ce même Goliat (Aguellid) fut tué par David. Cette
circonstance, parait-il, aurait induit en erreur ceux qui voyaient en
Aguellid comme faisant partie des Philistins. Il y a lieu ici de dire
que c'est une vérité historique, mais qui marche dans le sens inverse.
Une
autre source historique fait du titre Aguellid (Goliat) le fils de Cais
Ibn Ghailan, descendant de Maâd. Quelle grosse bévue. Ce terme Aguellid
(pl. Iguelliden/Igueldan), en traversant les millénaires, est très
usités actuellement dans les diverses variantes amazighes. Il donne le
sens de roi. Par contre, le terme Aguellid n'est pas du tout attesté
dans l'une des langues sémitiques.
En passant, l'on peut confirmer
que les Amazighes étaient allés jusqu'à chambouler la civilisation
égyptienne, voire méditerranéenne, en envahissant l'Egypte pharaonique.
C'était aussi aux Amazighes inventeurs d'une roue inconnue jusqu'alors
que les Grecs empruntèrent la technique d'atteler quatre chevaux à leurs
chars et ce, aux alentours du douzième siècles avant J.-C.. Les Grecs
ont entres autres emprunté aux Amazighes l'habillement et l'égide (en
Amazighe, ighidh = chevreau).
Quant à la langue amazighe,
celle-ci appartient à la famille de langues dite Afro-Asiatique. La zone
géographique d'apparition de cette famille est un point de départ
primitif situé en Afrique. C'est pourquoi l'on relève qu'une des langues
les plus proche de l'Amazighe est l'ancien égyptien de laquelle dérive
le Copte qui est à la base de la première appellation de l'Egypte,
transformé en Misr (en Arabe).
Scientifiquement, la langue
amazighe, qui est un indice capital de l'existence des Amazighes, est
l'une des langues les plus anciennes de l'humanité. Elle couvrait déjà
son autonomie dès les toutes premières formations des sociétés humaines
pré-historiques. Par ailleurs, les spécialistes anthropologues et
archéologues partagent largement l'idée que l'Afrique représente bel et
bien le berceau de l'humanité et l'ancien continent par excellence où
avaient apparu et évolué les premiers hommes.
La science, avec
la contribution notamment de l'anthropologie, de l'histoire, de la
linguistique et de la génétique, saura éclairer les zones d'ombres qui
ne cessent d'être soulevées et controversées. Ce qui est étonnant, c'est
que des spécialistes en génétique ne cessent d'appuyer la théorie d'Ibn
Kheldoun selon laquelle les Nord-Africains sont de souche
majoritairement amazighe.
Reconnaître et les vertus des Berbères
permet de se rendre compte que c'est la conjugaison de son histoire, sa
langue, ses fondements sociaux... et sa culture qui fait que les
Amazighes ont pu laisser une forte trace indélébile à tous les niveaux.
Supposer une origine aux Amazighes, différente de celle qui existe
réellement et profondément, ne rend service et n'honore pas le savoir.
Dans l'évolution actuelle des choses, un Amazighe, amazighophone ou
arabophone, ne peut sentir sa profonde Nord-Africanité complète tant
qu'il ne se considère pas appartenir à la civilisation amazighe, tant
qu'il est déraciné de sa culture multimillénaire, tant qu'il continue
d'ignorer son histoire et sa langue amazighe que ses aïeux pratiquaient
jusqu'aux derniers siècles, voire ces dernières décennies.
« On a vu
chez les berbères des choses tellement hors du commun, des faits
tellement admirables qu'il est impossible de méconnaître le grand soin
que @!#$ a eu de cette Nation... » Ibn Kheldoun.
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