Guerre d'Algérie
Délégation des principaux dirigeants du FLN (de gauche à droite : Mohamed Khider, Mostefa Lacheraf, Hocine Aït Ahmed, Mohamed Boudiaf et Ahmed Ben Bella) après leur arrestation suite au détournement, le 22 octobre 1956 par l'armée française, de leur avion civil marocain, entre Rabat et Tunis, en direction du Caire (Egypte).Il rentre en Algérie en mars 1954 et crée, avec huit autres militants, qui devinrent les « chefs historiques du FLN »[2], avec pour objectif l'indépendance de l'Algérie par la lutte armée, le Comité révolutionnaire d'unité et d'action (CRUA) dont il est élu président. Après l'échec du CRUA, il fait partie, une nouvelle fois comme coordonnateur général, du « groupe des 22 », qui organise la préparation de la lutte armée désormais certaine[1]. Titulaire de la carte n°1 du Front de libération nationale (FLN), crée pour rassembler dans la lutte les différentes forces nationalistes, il est décidé comme date du déclenchement des « hostilités » le 1er novembre 1954 – date qui marque le début la guerre d'Algérie.
À l'issue du congrès de La Soummam, en août 1956 il devient membre du CNRA (Conseil national de la révolution algérienne). Le 22 octobre 1956, il est arrêté, avec d'autres chefs du FLN, par l'armée française suite au détournement de l'avion civil marocain qui le menait vers la Tunisie. Il dirige alors depuis sa prison la fédération de France du FLN et est nommé en 1958 ministre d'État du Gouvernement provisoire de la République algérienne (GPRA), à sa création, puis vice-Président en 1961[1]. Il est libéré le 18 mars 1962 après les accords d'Évian.
Exil politique
À l'indépendance en juillet 1962, il entre en désaccord avec Ben Bella, soutenu par le commandement de l'Armée de libération nationale (ALN) de l'extérieur, qui crée un bureau politique du FLN pour remplacer le GPRA[3]. Le 20 septembre 1962, alors que le bureau politique constitue la première assemblée nationale algérienne, Mohamed Boudiaf fonde en opposition son propre parti, le Parti de la révolution socialiste (PRS). Le 23 juin 1963, il est arrêté, puis contraint à l'exil dans le sud algérien où il est détenu plusieurs mois avant d'être libéré. Condamné à mort en 1964 par le régime Ben Bella, il quitte l'Algérie et rejoint la France puis le Maroc. Il œuvre au sein de son parti, et anime à partir de 1972 entre la France et le Maroc plusieurs conférences où il expose son projet politique pour l'Algérie, et anime la revue El Jarida[1]. Son livre Où va l'Algérie, qui livre un témoignage lucide sur l'après-indépendance et la prise du pouvoir par les militaires[3], résume ses propositions politiques. En 1979, après la mort de Houari Boumédiène, il dissout le PRS et va se consacrer à ses activités professionnelles en dirigeant à Kénitra au Maroc une briquèterie.
Retour en Algérie
Le 2 janvier 1992, après la démission du président Chadli Bendjedid[4], Mohamed Boudiaf est rappelé en Algérie pour devenir le président du Haut Comité d'État[5], en charge provisoire des pouvoirs de Chef d'État. Par son long exil, il apparaissait en effet paradoxalement comme un homme neuf, non impliqué dans les tribulations de la dictature algérienne et donc susceptible de sortir le pays de l'impasse[3]. Souhaitant une Algérie démocratique tournée vers la modernité, il disait vouloir mettre fin à la corruption qui gangrenait l'État. Mais Mohamed Boudiaf est assassiné six mois plus tard, le 29 juin 1992, lors d'une conférence des cadres qu'il tenait dans la ville d'Annaba[6]. Un sous-lieutenant du groupe d'intervention spécial (GIS), Lambarek Boumaarafi, jeta une grenade et toucha mortellement le président. La motivation de son assassinat est sujet à controverse, entre la piste d'une action isolée commise par un militaire ayant des sympathies islamistes et celle d'un complot plus vaste impliquant des généraux de l'armée[6]. Sans faire la lumière sur l'assassinat de Boudiaf, la commission d'enquête instituée par le gouvernement algérien écarte la thèse de "l'action isolée" d'un officier de l'armée ayant agi pour des motifs strictement religieux[7].
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