Si la date de sa mort semble établie, celle de sa naissance est approximative. En effet, l'Etat Civil en Kabylie n'a pas eu d'existence officielle avant 1891. Elle n'a été rendue possible, et approximativement, que parce que beaucoup de témoignages et de dires confondaient la durée de sa vie avec celle du Prophète (Qsssl). Soit dit 63 ans.
Il naquit donc dans l'ancien village de Chéraïouia où son père Mehand Améziane Ou Hammadouche, originaire de Aguemoun, s'était réfugié pour échapper à une vendetta.
Après 1857, le village de Chéraïouia fut rasé et à son emplacement fut édifiée la citadelle de Fort-National (Larbaâ Nath Irathen). L'autorité militaire attribua aux habitants un terrain à 10Km au nord, près de Tizi-Rached, qui appartenait à une zaouïa.
En fait, la population s'est répartie, pour une faible part sur ce terrain où naquit la nouvelle Chéraïouia, mais pour la plupart aux alentours de Fort-National.
Les parents de Si Mohand s'installèrent à Akbou, au lieu-dit Sidi-Khelifa. Son oncle paternel, Cheikh Arezki Ou Hammadouche, maître en droit musulman y avait ouvert une zaouïa où un Taleb enseignait le Coran, non seulement aux enfants de la famille mais aussi à tous ceux du village. C'est là que Si Mohand commença ses études avant de rejoindre l'importante zaouïa de Sidi Abderrahmane Illoulen (Michelet). Son père était usurier, c'était la noblesse de l'époque, La famille était aisée et l'enfance de Si Mohand heureuse.
En 1871, lors de l'insurrection, la famille s'est engagée aux côtés de Cheikh El Mokrani contre la colonisation de la Kabylie. Le père, Mohand Améziane fut exécuté à Fort-National, l'oncle Arezki déporté en Nouvelle-Calédonie et leurs biens confisqués au profit de l'Etat.
La famille ruinée et anéantie se dispersa, la mère se retira dans la nouvelle Chéraïouia avec son jeune fils Méziane et là commença la vie de vagabond de Si Mohand, errant de ville en ville. Son frère aîné Akli s'enfuit à Tunis avec l'essentiel des ressources de la famille. Cet épisode a été vécu comme un drame, un choc à ne plus s'en remettre.
En refusant la fonction d'écrivain attaché à l'administration coloniale que cette dernière lui proposait, Si Mohand Ou M'hand, qui jouit d'une place sacrée dans la mémoire collective kabyle, exprimait sa résistance vis-à-vis de toute l'institution coloniale au même titre que son refus de porter une carte d'identité, imposée par cette administration durant toute sa vie, était perçu comme la non-reconnaissance par lui de l'ordre colonial établi.
Les portes de l'errance s'ouvrent donc grandement devant les yeux du poète, telles celles de l'enfer.
Mon cœur tout troublé
Par le kif et l'alcool
N'a suivi que ses penchants
Accueillez le vagabond
O gens sensés et nobles
Etranger dans son pays
Dans l'exil et dans l'oubli
J'ai ignoré mes devoirs
C'est maintenant que mon cœur saigne.
A quelques exceptions près - la langue et la situation géographique seulement les séparaient -Si Mohand ressemblait de beaucoup à son égal français Arthur Rimbaud, l'autre amoureux des sentiers, des chemins inconnus et des contrées lointaines qui aimait d'ailleurs à répéter:
«Je suis un piéton rien de plus.»
«De l'Alma à Ménerville
L'ennui me prit
A la côte des djellabas
Je suis parti tôt le matin
J'ai marché sans relâche!
Le soleil est descendu sur les crêtes
Sans honte je m'affale dans un café
Mourant de fatigue
Et demandant pardon aux saints. »
A ce sujet, Mouloud Feraoun, qui avait mené une grande recherche sur sa poésie et sa vie, écrira: «Il était pareil à une feuille que le vent emporte et qui ne pourrait se fixer nulle part ailleurs que sur la branche d'où elle a été détachée.» Comme pour dire que le poète ne pouvait s'enraciner que dans sa Kabylie, plus précisément au sein de son village natal.
Et comme il a tout perdu (déraciné de sa terre natale), il se livre alors à l'errance et, de surcroît, au gré des vents.
Plus qu'un choix, une raison de vivre, l'errance avait un ascendant terrible sur lui puisque le poète a toujours refusé, selon des témoins de son époque, de monter dans un train ou une diligence (qui est un moyen de transport de l'époque par excellence), non pas par crainte mais par esprit d'indépendance.
La décadence de sa famille après la défaite (c'était un retournement de position radical) et son mariage qui fut un échec -sa femme l'avait quitté pour sa paresse- ont eu raison de sa ténacité et de sa croyance en des jours meilleurs, et le voilà qui aborde en sanglots mais avec résignation:
«Vois mon cœur oppressé!
En lui-même il éclate
Chaque fois que je pense à elle
O suprême créateur
Nous implorons ta justice
Sois un soutien pour nous
Délivre-nous des tourments. »
«J'avais un jardin incomparable aux pousses drues et vigoureuses
Que Dieu protège ses richesses
Un mur le fermait et l'abritait...
Maintenant qu'un torrent y fut dirigé
l'éboulement a tout emporté
Il n'en reste aucune trace.»
Si Mohand avait émis le souhait d'être enterré à Askif N'Temana, une localité de la Haute Kabylie, ce qui a été réalisé grâce à son ami le poète Si Youcef, qui s'était chargé des funérailles.
Mais le souhait le plus cher au poète qui a été formulé en vers et en toute inconscience s'est révélé plus tard une vérité absolue. En voici son vœu:
«Ceci est mon poème
Plaise à Dieu qu'il soit beau
Et se répand partout
Qui l'entendra l'écrira
Ne le lâchera plus
Et le sage m'approuvera.»
Si Mohand passa quelque 30 ans d'errance entre la Kabylie et la région de Bône (Annaba) où de nombreux Kabyles travaillaient comme ouvriers agricoles ou comme mineurs. Un autre de ses oncles, Hend N'Aït Saïd, était d'ailleurs installé dans les faubourgs de Bône.
«C'est dans son errance qu'il forgea sa poésie», a expliqué Younes Adli, précisant que «le poète composait un poème dès qu'il assistait à un événement fort et marquant».
Cela revient à dire que la poésie de Si Mohand Ou M'hand est ancrée dans un contexte social et historique, que le poète a vécu l'Histoire et, à travers sa poésie, est racontée l'histoire de sa société.
Chaque poème raconte donc une histoire, car «pour Si Mohand Ou M'hand il est nécessaire, dès qu'il y a un chamboulement dans l'Histoire, de consigner les changements survenus dans son temps».
De ses trente-cinq années d'errance, «on n'a pu recenser que 360 poèmes, ce qui est très peu, voire faible. On n'a pas encore récolté l'essentiel de sa production poétique, sachant qu'une grande partie demeure dans les mémoires. Toutefois, la mémoire ne peut résister au temps, à l'oubli», a souligné Younes Adli.
N'écrivant pas ses œuvres et ne les répétant pas, Mohand Ou M'hand, qui avait réussi à faire sortir la poésie kabyle de ses montagnes pour la propager, çà et là, à travers toute l'Algérie et même au-delà des frontières (Tunisie), avait une technique spécifique : le neuvain (9 vers), à travers lequel il véhiculait un message.
Si Mohand mourut en 1906 à l'hôpital des Sœurs Blanches de Michelet et fut enterré au sanctuaire de Sidi Saïd Ou Taleb.
Le destin de Si Mohand Ou M'hand est scellé dans l'exil et l'errance au lendemain de sa rencontre tant attendue avec cheikh Mohand Oulhocine.
De leur vécu, les deux hommes se vouaient mutuellement une déférence irréprochable à distance.
Le poète décida un jour d'aller rendre visite au cheikh. Un des serviteurs annonça au saint de la zaouïa l'arrivée du meddah. “Cet homme n'est pas un meddah, c'est un sellah (bienfaiteur)”, rétorqua le vénéré cheikh. Cette réponse lourde de sens se veut en fait un signe fort du grand respect et l'esprit fraternel qui lient les deux personnages.
Si Mohand cachait même sa pipe de kif dans le buisson avant de venir à la rencontre du vertueux homme. Cela signifie la parfaite considération qu'exprime le poète pour le cheikh.
Le premier échange de mots est une déclamation de poèmes exécutée excellemment par Si Mohand. “Pour le départ, prépare le viatique. Malade est mon cœur. Ce pays va changer d'homme...”, lança-t-il.
Cheikh Mohand Oulhocine était surpris par des poèmes aussi sublimes. Il demanda alors au poète de lui répéter les vers. Mais Si Mohand u M'hand lui fera comprendre qu'il ne répète jamais les vers qu'il a déjà déclamés. Devant le refus du poète, la discussion a pris une autre allure.
La rencontre des deux bardes s'est terminée par une sorte de propos qui présageaient à Si Mohand Ou M'hand un exil loin des siens.
Et comme l'avait prédit cheikh Mohand Oulhocine, Si Mohand Ou M'hand sera enterré dans une terre d'asile “Asequif n'tmana”, un 28 décembre 1905.
Poèmes de Si Mohand
Ses œuvres, d'une grande émotion, qualifiées de plus légères que l'air, sont imprégnées de sa grandeur d'âme et de son attachement à ses valeurs ancestrales et à sa terre bénie.
Le poète, éternel errant, vivant d'expédients, a usé d'un verbe tranchant et d'une verve rebelle pour dénoncer les injustices et les souffrances des siens, dépossédés par le colon, affaiblis par la grande famine de 1868 ou piégés dans les enfumades. Il n'hésitait pas à user de poésies pour répondre à toutes ces injustices.
Pourtant, on ne sait que peu de choses de la vie de Si Mohand, et seuls quelques fragments de ses œuvres sont parvenus à nous.
Le poète usait de l'oralité et n'écrivait jamais ses poèmes, il était pourtant fin connaisseur de l'arabe littéraire.
Si Mohand Ou M'hand avait-il prédit que sa poésie serait éternelle en clamant un jour
“Qui l'entendra l'écrira Ne la lâchera plus et Le sage m'approuvera” ?
Boulifa, en 1900, et Feraoun, en 1955, tentèrent de sauver son œuvre de l'oubli en la transcrivant.
Isefra (poèmes)
[Transcription de Mouloud Feraoun] - 1 - Ceci est mon poème;
Plaise à Dieu qu'il soit beau
Et se répande partout.
Thikelta ad hhedjigh asfrou
Oua lahh addlhhou
Addinaddi ddeg louddiath.
Qui l'entendra l'écrira,
Ne le lâchera plus
Et le sage m'approuvera :
Oui thislan ar dha thiarou
Our as iverou
Oui ilan ddelfahhem izrath :
Que Dieu leur inspire pitié;
Lui seul peut nous en préserver :
Qu'elles nous oublient, nous n'avons plus rien
An helel Rebbi athet ihheddou
Ghoures ai neddaou
Add vaddent addrim nekfath.
- 2 - Ce siècle fait fuir
Qui a enrichi les chiens
Vous êtes brisés, ô nobles coeurs !
El qern agi iserhhav
Ddeg revhhen leklav
Therzem ia oulad bab allahh.
Je dois aux méchants mes cheveux blancs,
Ma raison m'a abandonné,
Je suis "le fils dépravé".
Selmahna ensen aï nechav
Dderaï iou ighav
Semani edaria malahh.
Il faut donc me résigner
Puisque le lâche se fait craindre
Tant pis, ô mon âme, tant pis !
Djigh echi netalav
Mi ddouddaï mouhhav
Chahh ! a raï ou, chahh !
Isefra (poèmes)
[Transcription de Younès Adli]
- 1 Résistance : Les règles sont désormais perverties,
C'est ainsi établi
Les vils ont pris le dessus.
Ddenya fmedden tfusel
Di lefhem yetnesel
Zwamel bedlen tikli
Tous les hommes bien nés
Ont pris la forêt
Bravant les affres de l'adversité
Krabbw'illan d lasel
Di lghaba yehmel
âaryan talab'ur telli
Dieu a ainsi destiné ce siècle
Qui nous enserre dans l'inquiétude
Jusqu'à trébucher à chaque pas.
Lqern akk'i t id yersel
deg-wnezgum nehsel
mi nger aqeddam neghli.
- 2 Conseils Toi l'intelligent,
Ne sois jamais
De la compagnie de l'homme hautain
A lfahem a k-nxebber
Albâad ma meqwer
Ur ttili deg tayfa-s
Si tu lui fais appel
Il ira crier sur tous les toits
Et te méprisera à outrance
Ma tqesd-t ur k-itesser
Ad yezg a k-ihqer
Hsut iâeda tilas
Alors, sois humble
Eloigne-toi de lui
Apprends à oublier même le paradis lorsqu'il te rejette
Ma tellid d uhdiq wexer
Xir baâed meqar
Igenet ma tugi-k anef-as.
- 3 La femme : Mon cœur pensif
S'étonne des réalités
Et jure de ne plus s'égayer
Ata wul-iw yetpensi
Yegul ur yedsi
Yetewhim i lehqayeq
Me voilà forcé de partir
Sans le sou
Sans revoir ma bien-aimée
Rhil ad ruhegh forsi
Adrim ixusi
Abrid ar taâzizt yeghleq
Elle se priva de dîner
Elle éclata en sanglots
A s'étouffer.
Wellah ma tecc imensi
Ala imeti
Imi nsel ala tnehheq.
“Jadis, je fus clerc. Aux soixante Sourate.
Jadis je maniais la plume, m'adonnais à l'étude sans repos.
Mon nom était connu de tous.
Jadis j'étais chevalier, comblé de biens et entouré de disciples.
Nul n'est libre de rester chez lui, de l'exil amer est la condition”.
De la déchéance à laquelle on se résigne mal à l'inquiétude. Voilà le lot quotidien du poète. Les anciennes solidarités ont volé au vent des neuves ruptures.
“En ce siècle ingrat, nul ne te secourt si tu tombes”.
Infidélité ou trahisons
Ce siècle est sans pudeur disait-il. A la limite les infidélités peuvent sembler des trahisons.
Alors que Mohand revenait fêter l'Aïd, Il n'a point de famille, surtout pas d'épouse aimée,
“l'Aïd est arrivé, la blessure de mon cœur s'est rouverte, je n'avais pas d'argent”.
“L'Aïd est tombé un lundi, mon cœur endeuillé, pauvre de lui
N'a personne avec qui échanger le baiser du
Pardon”. Traduit par Mouloud Mammeri
Mais il se reprend et se donne le change et la joie l'envahit et les vers suivants montrent ce plaisir d'esthète :
“Mon cœur palpite
Ah ! Devenu ramier
Est en un jour traverse l'eau
Vers les filles de soie vêtues,
En leurs alcôves chaulées”.
De ces élans lyriques que nous traduit Mouloud Mammeri, il y a peu de sublimation ; cette fuite dans le fantasme d'un rêve-remède à sa misère. Il appelle Sidi Beloua pour le délivrer des maux qui le rongent, dans la tourmente. Si Mohand est en communion avec son moi. Le nom de Dahbia revient dans son poème comme la beauté de ce bijou qui a parure de symbole.
“Quand elle parut aux rendez-vous,
Elle a la peau blanche,
Son visage est comme le soleil qui se lève
Sur le Lalla Khadidja, précédé de lumière”
Raconte à celle aux sourcils peints,
A la branche de palmier,
Dont le cou est d'un blanc immaculé,
Les dents comme des perles,
Et les pommettes vermeil. (A. Hanoteau)
Nostalgie des lieux
L'amour chez Si Mohand n'est peut être heureux que dans l'absence, dans la nostalgie des lieux et des êtres. Au village il y a des codes de conduite. Les silences même sont chargés de sens. C'est peut-être comme les poètes de l'antéislamique, celui des métaphores et des paraboles dans un platonicisme naïf, Si Mohand Ou M'hand va graduellement vers la vertu qui le pousse à la sagesse, à la foi comme la visite qu'il fut au Cheikh Mohand El Hocine.
Il imagine la rencontre a Dieu, comme enfant, il avait appris le Coran dans toute la ferveur religieuse. Il rend grâce à la Divinité sublime et transcendantale,
* Rapporté par A. Hanoteau, «Poésies populaires de la Kabylie», Paris, 1897.
“Au temps des jours heureux
Ma parole était écoutée
Au temps de ma droite chance
Je m'applique à psalmodier le Coran
J'avais étudié le Coran ligne à ligne
Mon nom était connu de tous
Jadis j'étais chevalier
Je montrais la voie à beaucoup
Maintenant le sort a tourné
Et ma chance s'est endormie”
Mais vers la fin de sa vie, Si Mohand résigné adhère entièrement dans toute la ferveur à la volonté de Dieu.
“La volonté de Dieu s'accomplit
Il comble et Il éprouve
Dieu l'a décidé tout reproche est superflu
Tout acte est pour toi prédestiné
Tu as tout écrit sur les fronts
C'est Dieu qui pousse dans la voie
Hommes suis-je maître de ma volonté ? (Traduit par Mouloud Mammeri)
Si Mohand Ou M'hand en appelle à tous les saints
“Saints de toutes statures
Je vous conjure tous
Aidez-moi à ramener dans la Voie ma raison »,
De si Baloua à Cheikh Mohand-ou-EI Hocine. Si Mohand Ou M'hand sait qu'il y a le Qessam (celui qui distribue et gère les destins)
“Toi qui nous as créés
A Toi nous sommes accrochés
Hâte-Toi de me délivrer
Très Bon, tu es Le Miséricordieux
Tu veilles sur nous tous,..
Dieu ne peut pas se tromper”.
Dans sa poésie, on retient cette foi et cet attachement à Dieu l'Unique.
“De grâce Dieu prends partie de moi
Puisque Tu sais Tu vois
Je suis enlisé sauve-moi”
Aux Saints, le poète adresse cette prière :
“Je suis coincé
Sortez-moi de l'impasse
Le remède est impuissant à guérir le mal”
Saints de Aït Iraten
Me voici comme l'oiseau paralysé
Par ses ailes coupées
Je suis déjà comme dans la tombe
Adieu les plaisirs sont finis
Maintenant je suis vieux, desséché
Je sens l'épouvante. La peur a fondu sur moi”.
Ce fils de fusillé a écrit plus de 280 poèmes qui sont gardés et traduits par Mouloud Mammeri dont les “Isefra de Si Mohand” publié en 1956 dans l'édition François Maspero.
Ange-Génie et Clerc
Mais toute cette inspiration, la légende rapporte que Si Mohand Ou M'hand a rencontré un ange au bord d'une source, qui lui a révélé “Parle et je ferai les vers”.
En ce moment Si Mohand était d'une piété inégalée. Depuis ce jour, Si Mohand ne faisait que versifier.
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