vendredi 2 décembre 2011

youbassin

Taos Amrouche

La première romancière algérienne de langue française et une chanteuse berbérophone (1913-1976)

Née à Tunis en 1913, dans une famille kabyle originaire de la vallée de la Soummam (Ighil-Ali en Petite-Kabylie), Marguerite Taos Amrouche était la sœur de l'écrivain Jean Amrouche. Elle a été comme lui confrontée à la double culture berbère et française.

Leur famille s'est convertie au catholicisme et a adopté la langue française, langue qui sera celle de la romancière. leur mère, Fadhma Aït Mansour (1882-1967), élevée dans une des premières écoles de filles en Algérie a laissé des mémoires : Histoire de ma vie (1968, Maspero). Leur père, Belkacem Amrouche est originaire d'Ighik-Ali, un village de la Petite Kabylie. Confié aux Pères blancs, il avait été baptisé à l'âge de cinq ans. Il refuse d'épouser la fille du village qu'on lui avait promis. Il émigre avec Fadhma à Tunis où Belkacem trouve un emploi aux Chemins de Fer tunisiens.

Taos Amrouche était l'amie d'André Gide et de Jean Giono. Dans ses romans fortement autobiographiques, elle analyse son déracinement, l'exil, la solitude et exprime le besoin d'émancipation des femmes étouffées par la tradition. Elle a écrit quatre romans : Jacinthe noire (1947), Rue des tambourins (1969), L’amant imaginaire (1975) roman autobiographique, Solitude ma mère (1995) roman posthume, et un recueil de contes et de poèmes Le Grain magique (1966)

Taos Amrouche entreprend dès 1936, la collecte. des chants populaires berbères. Douée d'une voix exceptionnelle, elle interprète de très nombreux chants berbères, qu'elle tient de sa mère et se produit dans de nombreuses scènes. En 1967, elle obtient le Disque d’or. Taos Amrouche a surtout excellé dans l’opéra en langue amazighe, ce qui explique qu'elle fut largement ignorée par les autorités algériennes.

Elle a aussi fait une carrière de chroniqueuse à la radio, d'abord à Tunis, dès 1942, puis à Alger en 1944. Elle se marie avec le peintre Bourdil, dont elle a une fille, Laurence, devenue comédienne, et réside définitivement à Paris à partir de 1945. Elle a assuré à la radiodiffusion française une chronique hebdomadaire en langue kabyle, consacrée au folklore oral et à la littérature nordafricaine. Taos Amrouche est morte en 1976, elle repose à Enterrée à Saint-Michel-l'Observatoire, près de Paris.

jeudi 1 décembre 2011

Abrid Abrid par: Hmed Lehlu

 
Des civilisations entières sont faites de poésie. La notre ne démérite pas moins et Hmed le prouve avec justement force de poésie. Notre poète Hmed Lehlu transgresse les formes établies. Il les a bousculées pour libérer la poésie kabyle de ses anciens cadre rigides. Il se laisse guider par l'aventure intérieure de sa pensée jusqu'à épuisement de la voix des mots. Cette rébellion vis à vis des formes établies marque un tournant dans la production de genre littéraire. Pourtant des signes anciens de la poésie kabyle attestent déjà des poèmes à forme longue. Il y a donc comme un mélange de libération et de réappropriation de cette forme.
lorsque Hmed déclame sa poésie, on entend plus qu'une versification: un discours sur soit qui ne s'accommode guère des mesures syllabiques. La mesure est vite engloutie dans la profondeur de l'énoncé. Les mots s'engrangent et donnent le besoin de suivre l'aventure racontée par le poète.
La poésie chez Hmed Lehlu n'est pas refuge. Il la veut une piste menant l'objectif à bon port. Son poème Amessebrid est une révélation sur les capacités de la longue kabyle à dire le monde. Ce poème le hissera au premier rang et obtient ainsi le premier prix lors des journées de poésie amazigh en 2003. On peut nous aussi parler de l'égérie de Hmed Lehlu et revendiquer ainsi notre part dans l'interprétation du monde.
Abdennour Abdesselam
 
 Abrid Abrid - Isefra

Hmed Lehlu

Hmed Lehlu:premier prix de la poésie berbere en Algerie et président
des membres des jurés des concours de la poésie kabyle en Algerie.
Abrid
Abrid par: Hmed Lehlu (Takorabt): Des civilisations entières sont
faites de poésie. La notre ne démérite pas moins et Hmed le prouve avec
justement force de poésie. Notre poète Hmed Lehlu transgresse les
formes établies. Il les a bousculées pour libérer la poésie kabyle de
ses anciens cadre rigides. Il se laisse guider par l'aventure
intérieure de sa pensée jusqu'à épuisement de la voix des mots. Cette
rébellion vis à vis des formes établies marque un tournant dans la
production de genre littéraire. Pourtant des signes anciens de la
poésie kabyle attestent déjà des poèmes à forme longue. Il y a donc
comme un mélange de libération et de réappropriation de cette forme.
lorsque Hmed déclame sa poésie, on entend plus qu'une versification: un
discours sur soit qui ne s'accommode guère des mesures syllabiques. La
mesure est vite engloutie dans la profondeur de l'énoncé. Les mots
s'engrangent et donnent le besoin de suivre l'aventure racontée par le
poète. La poésie chez Hmed Lehlu n'est pas refuge. Il la veut une piste
menant l'objectif à bon port. Son poème Amessebrid est une révélation
sur les capacités de la longue kabyle à dire le monde. Ce poème le
hissera au premier rang et obtient ainsi le premier prix lors des
journées de poésie amazigh en 2003. On peut nous aussi parler de
l'égérie de Hmed Lehlu et revendiquer ainsi notre part dans
l'interprétation du monde.

asefru n hmed lehlu..poeme de ahmed lehlou



NEKWNI NEMYEHMAL
ma nekk yidem nemyehmal
nhemmel ddunit
lebghi-nnegh ur yuklal
ad yili diri-t
ur nerfid ccwal
ur ne3fis talwit
seg wass-n mi i nemlal
ula d akal ma nDurr-it
ma nekk yidem nemyehmal
i yebghun yili-t
ur nettagwad ahemmal
imi d asif nezger-it
wamma yir awal
d bab-is i yetcemmit
............................................hmed lehlu

L'histoire de la Numidie


L'histoire de la Numidie

La Numidie est un ancien royaume de l'Afrique septentrionale, correspondant à l'Algérie; la Mulucha (Moulouia) le séparait de la Maurétanie à l'Ouest; le Tusca (ruisseau de Tabarka), du territoire carthaginois, qui forma ensuite la province d'Afrique (aujourd'hui Tunisie). Au Sud, la région saharienne était occupée par les Gétules. Les Numides, dont les descendants sont les Kabyles, étaient divisés en tribus, dont les deux principales étaient, au IIIe siècle, les Massyli et les Massaesyli, formant deux royaumes séparés par l'Ampsaga (oued el-Kebir, entre les Sept Caps [Seba-Rous] et Djidjelli); les premiers à l'Est., les seconds à l'Ouest. Le nom de Numides dérive du mot nomade et fut donné par les Grecs. La cavalerie excellente de ces peuples était leur principale force militaire. Ils ignoraient encore le chameau, qui ne fut introduit qu'à l'époque des Ptolémées, et d'abord vers la Cyrénaïque, mais ils possédaient l'éléphant, qu'ils domestiquaient, chassaient la gazelle, l'âne sauvage, l'autruche, le lion, très abondants. Les principales ressources végétales étaient l'olivier, l'oranger, le ricin arborescent, le dattier. Les marbres veinés de Numidie furent les plus recherchés à l'époque impériale.
Les Numides subirent la domination des Carthaginois, qui avaient été d'abord leurs tributaires à leur arrivée en Afrique. Ils échouèrent dans plusieurs tentatives pour secouer ce joug, et furent forcés de servir dans les armées de Carthage. L'intervention des Romains dans la lutte entre Syphax, roi des Massésyliens, et Masinissa, roi des Massyliens, amena, en 203 av. J. C., le triomphe de ce dernier, qui demeura roi de toute la Numidie, et eut pour successeur son fils Micipsa, en 148. Jugurtha, que Micipsa, son oncle, avait institué son héritier conjointement avec ses deux fils, Adherbal et Hiempsal, fit périr ces deux princes et s'empara du royaume. Il soutint contre les Romains, par son or et par ses armes, une guerre mémorable, et leur fut livré en 106 par son beau-père Bocchus, roi de Maurétanie, qui reçut en récompense de cette trahison le pays des Massésyliens. Cette partie occidentale de la Numidie fut réduite en province romaine en 42. Une portion de la Numidie orientale fut réunie à l'Afrique propre, et deux petits-fils de Masinissa, Hiempsal Il et Mandrestal, régnèrent sur les restes de la contrée. Ils eurent pour successeur Juba, fils de Hiempsal, qui prit parti pour Pompée contre César, et fut vaincu par ce dernier à Thapse, en 40. Son royaume devint une province romaine. Tacfarinas, chef numide, se souleva, en 17 de notre ère, contre la domination de Rome; mais il fut défait et tué dans une bataille en 24.

A l'époque romaine, quand la région occidentale fut rattachée à la Maurétanie et la Numidie réduite au pays des Massyli, les principales villes furent : avec la capitale Cirta (Constantine), son port de Rusicade (auj. Skikda), Hippo Regius (près d'Annaba), Tabraca (Tabarka), Theveste (Tebessa), Lambaesa, Thamucadis (Timgad), Bulla Regia, sur le Bagradas (Medjerda), Sicca Veneria (le Kef), etc.

Entre Carthage et Rome
Au IIIe siècle avant notre ère, la cavalerie numide faisait la force des armées carthaginoises, et le contingent commandé par le métis Mutines faillit enlever la Sicile aux Romains. A cette époque, le roi des Massyliens était Gala, voisin et allié de Carthage; le roi des Massaesyliens, Syphax, s'était, au contraire, rapproché de Rome. Masinissa, fils de Gala, fut, en 213, chargé de combattre Syphax, le vainquit et l'obligea à se réfugier chez les Maurétaniens, l'empéchant d'exiler les Romains en Espagne. Lui-même y passa avec ses cavaliers numides (212). On l'y retrouve en 209 et en 206 à la bataille de Silpia où Scipion écrasa l'armée carthaginoise d'Hasdrubal, Giscon et Magon. Le prince numide négocia alors avec le vainqueur, eut une entrevue personnelle avec Scipion et s'engagea à lui prêter son concours pour une invasion en Afrique. Cette défection fut, dit-on, motivée par un manque de parole d'Hasdrubal, qui avait promis à Masinissa la main de sa fille, la belle Sophonisbe, et qui la donna à Syphax pour le gagner; mais il se pourrait que cette rupture fût postérieure à l'entente secrète de Masinissa et de Scipion.

Quoi qu'il en soit, le premier demeura en apparence fidèle à ses alliés. Sur ces entrefaites, son père, étant mort, avait eu pour successeur, selon l'usage numide, le mâle aîné de la famille, son frère Oesalcès, oncle de Masinissa, lequel mourut bientôt et fut remplacé par son fils, le faible Capusa, lequel fut évincé au profit de son frère, le jeune Lacumacès, sous le nom duquel le pouvoir fut exercé par un chef du nom de Mezetulus. Masinissa revendiqua la couronne, sollicita vainement l'appui de Bocchar, roi de Maurétanie, et n'en vainquit pas moins ses concurrents. Mais à peine était-il établi qu'il fut attaqué par Syphax et trois fois de suite complètement défait et réduit à se cacher. Il errait sur la côte avec une bande de maraudeurs quand Scipion débarqua (204). Il ne lui rendit pas moins de signalés services, embaucha des cavaliers numides, défit Hannon, fils d'Hamilcar, et eut une grande part à la décisive attaque de nuit qui dispersa les forces d'Hasdrubal et de Syphax.

Masinissa, intimement lié avec Scipion et Laelius, révéla des qualités militaires remarquables, une énergie à toute épreuve, une fidélité qui ne se démentit jamais. Après une seconde défaite de Syphax et Hasdrubal, il reconquit son royaume; un retour offensif de Syphax fut repoussé et le roi fait prisonnier. Sa capitale, Cirta, fut prise avec ses trésors et sa femme, la belle Sophonisbe. Celle-ci était toujours aimée de Masinissa; mais le général romain, redoutant l'influence de la fille d'Hasdrubal, mit l'amoureux en demeure de choisir, et Masinissa invita Sophonisbe à s'empoisonner. En récompense, il obtint les honneurs royaux. Hannibal, revenu en Afrique, fit une tentative pour le ramener à lui, mais sans y parvenir. Masinissa assistait à la bataille de Zama, avec 6000 fantassins et 4000 cavaliers, et commandait la cavalerie de l'aile droite; après avoir mis en fuite les cavaliers numides, qui lui étaient opposés, il revint prendre à revers l'infanterie d'Hannibal et eut part au choc qui décida de la victoire. A la paix, il obtint non seulement la protection romaine et ses anciens États, mais encore la plus grande partie de ceux de Syphax (201).

A partir de ce moment, le redoutable chef régna pendant cinquante années sur la Numidie. Son objectif constant fut l'annexion des fertiles territoires carthaginois, en particulier de l'Emporia (Tunisie centrale, Sahel de Sfax-Sousse). Les querelles étaient portées à Rome dont les Carthaginois invoquaient l'autorité pour faire observer le traité, mais qui favorisait en sous main les agressions numides. Masinissa fournissait des auxiliaires commandés par son fils Misagènes, des cavaliers, des éléphants, du blé pour les guerres de Macédoine et d'Asie. Enfin, en 150, on en vint à un conflit, le parti favorable aux Numides fut exilé de Carthage par les démocrates; Ie roi prépara la guerre; une ambassade envoyée par lui, avec ses deux fils Micipsa et Gulussa, ne fut pas reçue et même fut attaquée au retour. Masinissa vint assiéger Orocaspa. Hasdrubal lui livra bataille sans résultat.

Le jeune Scipion Emilien, venu visiter Masinissa, s'interposa sans pouvoir réconcilier les ennemis, Carthage ayant refusé de livrer les déserteurs numides. Hasdrubal fut cerné, obligé de capituler, et une grande partie de ses soldats furent égorgés au mépris du pacte, Ce fut alors que les Romains intervinrent pour consommer la ruine de la cité rivale (149). Les négociations conduites par eux avec une perfidie insigne désarmèrent Carthage, sans lui laisser d'autre issue qu'une résistance désespérée. Masinissa s'abstint au début de la troisième guerre punique, inquiet de voir les Romains opérer pour leur propre compte et peu soucieux du redoutable voisinage qu'allait procurer à son royaume leur installation permanente en Afrique. Il mourut plus que nonagénaire au moment où une ambassade romaine venait le mettre en demeure d'envoyer ses auxiliaires. Jusqu'à la fin, il avait conservé son activité physique et marché lui-même à la tête de ses troupes. Des 54 fils qu'il avait eus de ses femmes ou concubines, trois seulement survivants ont joué un rôle, Micipsa, Mastanabal et Gulussa. A son lit de mort, le vieux monarque avait mandé Scipion Emilien, le chargeant de régler sa succession (148).

La geste de Jugurtha

Le fils aîné, Micipsa, eut Cirta et les trésors paternels; la mort de ses frères le laissa bientôt seul roi de la Numidie agrandie jusqu'aux Syrtes après la chute de Carthage. Il fut fidèle à l'alliance romaine, envoya des auxiliaires pour les guerres d'Espagne, notamment contre Viriathe (142) et contre Numance. En 125, une peste ravagea la Numidie et fit périr 800 000 personnes. Micipsa, comme ses frères, était fort cultivé, s'entourant de lettrés et savants grecs; il embellit beaucoup sa capitale, A sa mort (118), il laissa son royaume à ses fils légitimes. Adherbal et Hiempsal et à son neveu Jugurtha, qu'il avait adopté. Il restait encore un fils de Gulussa, du nom de Massiva, et un autre fils de Mastanabal, du nom de Gauda, qui fut désigné comme héritier à défaut des trois premiers princes. De ceux-ci, le plus remarquable était Jugurtha, fils d'une concubine de Mastanabal; son grand-père Masinissa l'avait tenu à l'écart, mais le doux Micipsa l'adopta et l'associa à ses fils Adherbal et Hiempsal. Jugurtha, très brave et habile aux exercices physiques, était populaire parmi les Numides; il commanda brillamment le corps auxiliaire envoyé à Scipion contre Numance. Dès que Micipsa fut mort, la brouille éclata entre Jugurtha et ses cousins, surtout le plus jeune, le bouillant Hiempsal. On était convenu de partager le royaume et les trésors, mais pendant les pourparlers Hiempsal, logé à Thirmida chez un serviteur de Jugurtha, fut assassiné. Adherbal prit les armes, mais fut battu et se réfugia dans la province romaine d'où il gagna Rome afin de plaider sa cause devant le sénat.

Jugurtha, qui avait vécu devant Numance avec les nobles romains et savait leur corruption, expédia des ambassadeurs qui, par des présents bien distribués, calmeront l'indignation des sénateurs. Ils décidèrent de partager la Numidie entre les deux compétiteurs et en chargèrent une commission qui vint en Afrique. Jugurtha la corrompit et se fit adjuger la portion occidentale, la plus vaste (117). Il ne retarda pas à reprendre ses tentatives pour devenir maître de tout. Adherhal supportant sans répondre ses agressions, il finit par envahir son royaume; vainqueur, il le bloqua dans Cirta. Une ambassade romaine arriva pour ordonner la paix; Jugurtha la renvoya avec de belles paroles et de l'argent et reprit le siège. Une seconde ambassade survint, dirigée par M. Aemilius Scaurus; elle se laissa berner, et quand elle fut partie la garnison de Cirta capitula sur la promesse d'avoir la vie sauve : ce qui n'empêcha pas Jugurtha de faire aussitôt massacrer Adherhal et sa suite (112). C'était trop compter sur la longanimité romaine; le tribun C. Memmius porta la question devant le peuple et la guerre fut déclarée.

Le consul L. Calpurnius Bestia débarqua en Afrique et envahit la Numidie; Jugurtha l'acheta, ainsi que M. Scaurus, son lieutenant, et en obtint une paix favorable (111). L'irritation redoubla à Rome et l'intègre préteur L. Cassius fut dépêché au roi pour le sommer de venir à Rome se justifier. Il déféra à l'invitation, mais acheta un tribun de la plèbe qui, lorsqu'il parut devant l'assemblée du peuple, lui défendit de parler. Il resta à Rome, continuant ses intrigues, et eut fini probablement par s'en tirer, s'il n'avait eu l'audace de faire assassiner son cousin Massiva, fils de Gulussa, qui, allié d'Adherbal, s'était réfugié à Rome, où il briguait le trône de Numidie (110). L'agent du crime, Bomilcar, fut mis en accusation, et Jugurtha reçut l'ordre de quitter l'Italie. A son départ de Rome, il s'écria, dit-on :

« Ville vénale qui périrait vite s'il se trouvait un acheteur! »
Le consul Sp. Postumius Albinus, protecteur de Massiva, fut chargé de la guerre; il ne fit rien, et son frère Aulus, qui le suppléait en son absence, laissa surprendre et battre son armée près de Suthul; une partie passa sous le joug. Le traité consenti par Aulus fut, annulé par le sénat, et le consul désigné, Q. Caecilius Metellus, envoyé en Numidie (109). La campagne fut bien conduite, Jugurtha battu, mais Metellus ne put prendre Zama. Suivant la méthode romaine, il négocia, augmentant à mesure ses exigences, et, lorsque Jugurtha eut livré ses éléphants et une grande partie de ses armes et de ses chevaux, l'invita à se livrer lui-même. Le roi reprit la lutte, déjoua le complot de Bomilcar et Nabdalsa, deux de ses fidèles gagnés par l'ennemi, et qu'il fit tuer. Dès lors il n'eut plus confiance en personne et beaucoup de ses adhérents furent immolés à ses soupçons. Il se retira vers le désert, où Metellus lui enleva sa place forte de Thala, mais obtint l'alliance de Bocchus, roi de Maurétanie (108). Marius réussit alors à se faire donner le commandement aux lieu et place de Metellus (107). Il mena vivement la guerre, emporta toutes les forteresses du roi numide et conquit ainsi tous ses trésors. Désespérés, Jugurtha et Bocchus tentèrent une surprise, mais furent complètement défaits. Jugurtha fut livré à Sylla, questeur de Marius, par son allié au début de l'an 106. Il figura au triomphe de Marius le 1er janvier 104, puis fut étranglé dans son cachot. Ses deux fils furent internés à Venouse. L'histoire de ce cruel et rusé personnage nous a valu le chef-d'œuvre de Salluste.


Les ruines romaines de Timgad.
Numidia propria
L'héritier du trône était le faible Gauda qui avait épousé la cause des Romains et s'était attaché à Marius. Il eut probablement pour sa part la Numidie orientale, l'ancien royaume des Massaesyli étant cédé à Bocchus et annexé à la Maurétanie. On peut supposer que le roi Hiempsal, dont il est question ensuite, était le fils de ce Gauda, bien qu'une inscription le présente comme petit-fils de Masinissa et en fasse un fils de Gulussa. Quoi qu'il en soit, cet Hiempsal régnait en Numidie à l'époque de la guerre civile entre Marius et Sylla, et il se prononça contre les Marianistes (88). Il fut, en raison de cette attitude, renversé par Cn. Domitius Ahenobarbus, qui lui substitua Hiarbas. Mais après le triomphe des Sullaniens, Pompée vint en Afrique écraser Domitius et restaurer Hiempsal (84), lequel vivait encore en 62. Salluste parle de ses ouvrages en langue punique.

Il eut pour successeur son fils Juba, qui était venu à Rome en 62 pour plaider la cause de son père contre un Numide du nom de Masintha et eut à ce sujet une violente discussion avec César, alors préteur. Le royaume de Numidie s'étendait sur une grande partie des tribus gétules du désert. Juba, dans la guerre civile, resta fidèle à Pompée, d'autant plus que le tribun césarien Curion avait en 50 proposé de réduire son royaume en province. Quand ce même Curion débarqua en Afrique l'année suivante avec deux légions, Juba accourut au secours du général pompéien P. Attius Varus. Celui-ci avait été battu et rejeté sur Utique, mais Juba infligea une défaite sanglante à Curion qu'il avait su attirer sur les bords du Bagradas; il resta sur le champ de bataille avec toute son infanterie; les cavaliers survivants se rendirent à Varus, mais furent passés au fil de l'épée par ordre de Juba. Le sénat pompéien lui décerna les honneurs royaux; César et son sénat le déclarèrent ennemi public. Ce fut en Afrique que se réfugièrent après Pharsale les chefs de la noblesse, à leur tête Scipion et Caton. En 46, César les y poursuivit ; en même temps, Bocchus, roi de Maurétanie, renforcé par un aventurier du nom de P. Sittius, qui s'était mis au service de César, avec la bande réunie par lui, envahit la Numidie et prit Cirta. L'arrogance du roi blessait vivement ses alliés romains, et ni ses éléphants ni sa cavalerie ne leur furent d'un grand secours. Les Gétules, qui avaient conservé le souvenir de Marius, passèrent du côté de César. Juba et Labienus furent d'abord battus dans un combat de cavalerie. Après la déroute de Thapsus, la forte place de Zama, où le roi avait abrité sa famille et ses trésors, lui ferma ses portes. Quand il apprit le suicide de Caton à Utique et la défaite de son général Saburra, qu'il avait opposé à Sittius, lui-même se donna la mort avec son compagnon romain Petreius.

La Numidie fut alors réduite en province romaine sous le titre de Numidia propria on de Nova Africa, et l'historien Salluste chargé de l'administrer comme préfet avec pouvoir proconsulaire. Dion Cassius l'accuse d'avoir surtout pillé. La province fut d'ailleurs démembrée pour récompenser le concours de Sittius, qui reçut Cirta, et du roi de Maurétanie, qui reçut le pays jusqu'à Saldae (Bejaia) ou même jusqu'à l'Ampsaga. Tous deux y furent tenus en échec par un chef numide du nom d'Arabion. Lors du partage du second triumvirat, l'Afrique fut assignée à Octave (43). T. Sextius, ancien Légat de César, gouvernait la Nouvelle Afrique. Il guerroya contre Q. Cornificius et Laelius qui tenaient l'ancienne Afrique au nom du parti républicain; il les défit et les fit périr. Mais alors il fallut remettre les deux provinces à Lépide auquel les attribuait le nouveau partage fait entre les triumvirs après la bataille de Philippes. Elles revinrent à Octave en 36. Quand il fut seul maître, il rendit au jeune Juba Il, fils du premier Juba, le royaume de Numidie. Elevé en Italie, celui-ci avait été le compagnon d'Auguste qui lui fit épouser Séléné, fille de Marc-Antoine et de Cléopâtre, En l'an 23, Juba II échangea la Numidie contre la Maurétanie, l'empereur lui attribuant le double royaume de Bogud et de Bocchus.

La Numidie fut définitivement réduite en province romaine. Elle fut adjointe à l'Afrique, formant une province sénatoriale et proconsulaire, qui s'étendit de Saldae à l'autel des Philènes aux limites de la Cyrénaïque. A Lambèse fut campée une légion (Tertia Augusta), noyau de la défense militaire de l'Afrique. Au temps de Caligula, on sépara l'autorité civile du commandement militaire confié à un légat qui parait bien avoir administré sous l'empire la province de Numidie, séparée de celle d'Afrique par le Tusca sur la côte Nord et le fossé de Scipion à Thenae (entre Sfax et Maharès) sur la côte Est. A l'Ouest, la frontière avait été rapprochée par l'extension de la Maurétanie jusqu'au cours de l'Ampsaga au moment où Caligula en fit une province romaine.

A l'époque de Dioclétien, la Numidie était à peu près réduite à l'actuelle wilaya de Constantine, par la formation des nouvelles provinces de Byzacène et Tripolitaine. Dans l'intervalle, son histoire avait été celle de l'Afrique romaine, très prospère, à peine troublée par quelques insurrections de tribus natives et la guerre civile des Gordiens (238). Au IVe siècle, les troubles s'aggravent, le schisme des donatistes, celui des circumcellions, devaient s'appuyer sur des éléments indigènes. La conquête vandale de 429 à 439 (Genséric) fut marquée par de cruels ravages; elle désorganise le pays et les Maures, ruinent les villes de l'intérieur. Les Byzantins luttent contre les Berbères jusqu'au moment où la conquête arabe efface jusqu'au nom de Numidie. (A.-M. B.).


kahina


Kahena[1] (signifiant prêtresse), de son vrai nom Dihya ou Damya (en tifinagh ⴷⵉⵃⵢⴰ), est une reine guerrière berbère zénète des Aurès qui combattit les Omeyades lors de l'expansion islamique en Afrique du Nord au VIIe siècle. Plusieurs femmes ont écrits des romans sur la Kahina au XXe siècle et plusieurs penseurs disent que c'est une des premières féministes du Moyen Âge[2] et une des première reine guerrière de l'Histoire.

À l'aube de l'arrivée des Omeyyades en Afrique du Nord, l'unité politique et administrative de la Berbérie Orientale et Centrale (les Aurès, actuelle Algérie) était en grande partie réalisée par Kusayla.[3]. À son décès en 686, Dihya prend la tête de la résistance. Issue de la tribu des Djerawa, une tribu berbère zénète de Numidie, elle aurait été élue ou nommée à cette charge par le conseil d'une confédération de plusieurs tribus. Dihya procéda ainsi à la réunification de nombreuses tribus de l'Afrique du Nord orientale et du Sud. Elle défait par deux fois la grande armée des Omeyyades grâce à l'apport des cavaliers des Banou Ifren. Elle règne sur tout l'Ifriqiya pendant cinq années. Vaincue dans la dernière bataille contre les Omeyyades, réfugiée dans l'Amphithéâtre d'El Jem, sa tête est envoyée en trophée au calife musulman.[4] Dihya sera la seule femme de l'histoire à combattre l'empire omeyyade[5]. Les Omeyyades demandent aux Zénètes de leur fournir douze mille hommes de combat pour la conquête de l'Andalousie comme condition à la cessation de la guerre[6]. L'intervention de Musa ben Nusayr règle le problème avec les Berbères en nommant Tariq ibn Ziyad (zénète de la tribu des Nefzaouas) à la tête de l'armée zénète et des autres Berbères.[7]. Son fils devient gouverneur de la région des Aurès et par la suite sa tribu aura un pouvoir lors des Zirides dans les Aurès. Une statue a été faite à l' effigie de la reine berbère dans la Wilaya de Khenchela en 2003.

Récits médiévaux [modifier]
Selon l'historien arabe Ibn Khaldoun, à la veille de la conquête musulmane du Maghreb, plusieurs tribus berbères pratiquaient le judaïsme[8] :

« Une partie des Berbères professait le judaïsme, religion qu'ils avaient reçus de leurs puissants voisins, les Israélites de la Syrie. Parmi les Berbères juifs, on distinguait les Djeraoua, tribu qui habitait l'Auras et à laquelle appartenait la Kahena, femme qui fut tuée par les Arabes à l'époque des premières invasions. Les autres tribus juives étaient les Nefouça, Berbères de l'Ifrikïa, les Fendelaoua, les Medîouna, les Behloula, les Ghîatha et les Fazaz, Berbères du Maghreb-el-acsa. »
Kahena était réputée user de pouvoirs magiques : « Hassan accorda au fils de la Khahina le commandement en chef des Djerawa et le gouvernement du Mont Awres, il faut savoir que d'après les conseils de cette femme, conseils dictés par les connaissances surnaturelles que ses démons familiers lui avaient enseignées, ses deux fils s'étaient rendus aux Arabes avant la dernière bataille »[9].

Parmi les tribus berbères pratiquant le judaïsme Ibn Khaldoun distinguait :

les Djeraoua (ou Dejrawa), tribu qui habitait les Aurès et à laquelle appartenait Kahena ;
les Nefousas (ou Nefzaouas), des berbères de l'Ifriqiya ;
les Fendelaoua, les Medîouna, les Behloula, les Ghîatha et les Fazaz, Berbères du Maghreb-el-acsa (nom arabe correspondant au Maroc).
Parmi ces tribus originaires de l'actuelle Tunisie (ancienne Ifriqiya), des Aurès et de l'actuel Maroc, la tribu des Dejrawa est une des plus puissantes de la confédération des Zénètes[8].

La conquête de l'Afrique du Nord est décidée par le chef de la dynastie omeyade, Muawiya. À l'aube de l'arrivée des Omeyades en Afrique du Nord, l'unité politique et administrative de la Berbérie Orientale et centrale (les Aurès, actuellement à l'est de l'Algérie et de la Tunisie) était en grande partie réalisée par Kusayla. Par la suite, Kusayla entre en conflit avec Oqba Ibn Nafi Al Fihri. Après la mort de Kusayla en 688, Dihya prend la tête de la résistance. Elle commande la tribu des Dejrawas pendant soixante-cinq ans. Ad Darisi prétend que Dihya a vécu cent vingt sept ans et a gouverné l'Ifriqiya pendant cinq années[8] Dihya ordonne la mort de Oqba Ibn Nafi Al Fihri. Les Berbères Tahuda exécutent l'ordre de tuer Oqba Ibn Nafi Al Fihri. La guerre se déclenche entre les Berbères et les Omeyades. La tribu berbère des Banou Ifren Zénète sera la première tribu à défendre les territoires au côté de la Kahina [10]. Alors, Dihya sort triomphante de cette guerre. Ensuite, Hassan demande alors les renforts musulmans. En 693, l'armée consolidée d'Hassan écrase les troupes berbères commandées par Dihya. Par la suite, les Zénètes sont invités à former une armée sous le commandement de Tariq ibn Ziyad pour conquérir l'Andalousie. Le fils de la Kahina obtient la gouvernance des Aurès.[11].

Parcours [modifier]
Alors que les musulmans ont déjà conquis un vaste territoire ils butent sur la résistance des byzantins (chrétiens), implantés essentiellement sur les côtes et en particulier à Carthage et Septum, mais aussi celle des Berbères. Les troupes musulmanes dirigés par Hassan Ibn Numan cherchaient à s'emparer de Carthage pour posséder l'Ifriqiya et se frayer un chemin vers l'Ouest. Le roi Kusayla, les Carthaginois et Dihya se liguèrent pour empêcher ce passage. Carthage finit par tomber aux mains des troupes musulmanes en 695 et Hassan Ibn Numan se fait nommer gouverneur d'Ifriqiya. L'empereur Leonitos récupère Carthage pour trois ans. La seule résistance qui demeurait alors était celle de Dihya. Hassan demandera les renforts musulams. En 693, Après le renforcement des troupes musulmanes, Hassan écrasera les troupes berbère commandés par Dihya.

À la première bataille, Dihya remporte une victoire sur les troupes d'Ibn Numan à Miskyana (entre Tebessa et Aïn Beïda, dans la région constantinoise) Dans la vallée déserte et asséchée, Dihya décide de dissimuler son armée pendant la nuit, en partie dans la montagne, en partie derrière, sa cavalerie et ses troupeaux de chameaux, pour prendre en embuscade les troupes d'Ibn Numan. Lorsque les Arabes attaquent, ils sont accueillis par une pluie de flèches tirées entre les jambes des chameaux des Berbères. Les Arabes écrasés, les Aurésiens les poursuivent jusqu'à Gabès. Dihya vient de remporter sa plus prestigieuse victoire, celle de la Meskiana, qu'on appellera « La bataille des chameaux », et parvient ainsi à repousser les troupes du Calife jusqu'en Tripolitaine. Ibn Numan sera à nouveau battu en 695 près de Tabarqa par Dihya.

Ibn Numan reporte ses efforts sur Carthage en 699, qu'il reprend, avec la maitrise des mers et du bassin occidental de la Méditerranée. Il demande alors un supplément d'hommes au calife Ibn Marwan pour s'attaquer aux Aurès qui constituent un ultime bastion. Sachant sa défaite imminente, Dihya fait pratiquer la politique de la terre brûlée en vue de dissuader l'envahisseur de s'approprier les terres, s'aliénant par là une partie de son peuple : citadins berbères sédentaires, nomades des campagnes.

Dihya s'engage une dernière fois dans la bataille en 702 à Tabarqa. La défaite des troupes de Dihya est en partie due à la trahison par Khalid, jeune Arabe que la reine avait épargné et adopté selon la coutume de l'anaïa (protection) en vigueur chez les anciens Berbères [12].

Constatant que tout est perdu, Dyhia envoie ses deux fils, Ifran et Yezdia, se rendre auprès d'Hassan[13],[14] . Elle continua de combattre mais, trahie, elle fut capturée[13]. Puis, elle aurait été décapitée dans les environs d'El-Djem et sa tête remise au calife[13]. Suite à cette victoire, Hassan réclame 12 000 cavaliers aux Berbères dont il confie le commandement aux deux fils de Dyhia, il leur attribue aussi le gouvernement du mont Aurès[14].

Divergences historiques [modifier]
Le rôle joué par Dihya a constitué un enjeu considérable pour ses commentateurs. Les sources que nous avons sur Dihya, symbole de la résistance à l'expansion musulmane, proviennent en grande partie des historiens musulmans. C'est donc pour certains d'entre eux, sur des arrière-pensées et vues politiques que sont basées leurs affirmations. Cela est d'autant plus difficile à vérifier que les sources diverses sont rares.

Nom [modifier]
Dihya fille de Matya fils de Tifane.

Cet élément est l'objet de nombreuses interprétations, ainsi le surnom de Kahina signifierait en un sens « sorcière », car décrite comme haïssable par certains historiens musulmans tels Ibn Ben Attir et Le Bayan. Ce sens n'est pourtant probablement pas péjoratif, puisqu'à l'origine il dérive de l'hébreu Kohen qui signifie prêtre et du grec être pur. Ces mêmes historiens rapportent que son vrai nom serait Dihya.

De même le surnom Damya, dérivé du verbe amazigh edmy signifie « devineresse », « prophétesse ». Dihya, en berbère signifie « la belle ». Elle fut souvent appelée « Reine Dihya Tadmayt » ou simplement « Tadmut » c'est-à-dire la belle Reine gazelle.

Religion [modifier]
Sur la religion de cette Berbère, d'origine noble et descendante d'une longue lignée royale des Aurès, les sources historiques apportent des témoignages bien divergents.

Ibn Khaldoun ne cite nullement que Dihya avait une quelconque religion et réfute les thèses dans les quelles on trouve que les Zénètes descendent de Goliath ou en arabe Djallut. Ibn Khaldoun, en citant ses sources, donne son accord à la version d'Ibn Hazm que, d'après lui, est la plus logique. Cette version consiste à dire que Dihya descend des Zénètes et a comme ancêtre Medghassen[15] , [16] Ibn Khaldoun ajoute, selon les propos des Zénètes, que les Zénètes avaient un prophète du nom de Moussa Ibn Salih. Mais, lors de l'époque romaine et byzantine, les Zénètes étaient chrétiens. Les Zénètes et le reste des Berbères ont pris part aux troupes de Grégoire pour combattre les musulmans[17]. Ibn Khaldoun nomme sa source Hani b. Bakur Ad Darisi. Ce dernier, donne les renseignements sur la vie de Dihya et il ajoute un point que Dihya avait des démons qui lui dictait des prédictions.

C'est Ibn Khaldoun, réputé l'un des historiens le plus sérieux du Moyen-Âge, qui raconte que sa tribu était de confession Juive « Parmi les Berbères juifs, on distinguait les Djeraoua, tribu qui habite l'Aurès, et à laquelle appartient la Kahena ». Et, il rajoute que la Kahina possédait des pouvoirs surnaturels.

Selon l'historien et géographe français, le professeur Émile-Félix Gautier : « Les Djeraouas ne sont plus des chrétiens comme les Aurébas, mais bien des juifs ». Auparavant, Strabon avait témoigné à l'époque romaine que les juifs étaient nombreux en Afrique du Nord. Certains y étaient venus librement au fil des siècles avec les phéniciens, dès le temps des Carthaginois, tandis que d'autres y avaient été déportés par Trajan, après avoir tenu tête en Cyrénaïque aux légions romaines. Ainsi avaient-ils participé à la conversion de nombreuses tribus berbères.

Certains (c'est le cas de Gabriel Camps dans son livre Berbères - Au marges de l'histoire) pensent que Dihya était chrétienne parce qu'elle était la fille de Matya lui-même fils de Tifan. Des noms qui seraient les déformations de Matthieu (comme l'Apôtre) et Théophane (repris par de nombreux Saints chrétiens). Aussi le christianisme était largement répandu, une grande partie des populations berbères du nord avaient été christianisés sous l'empire romain.

D'autres laissent entendre que Dihya aurait pû être animiste sans pouvoir pour autant préciser de quel culte il s'agirait, les Berbères ayant été païens avant l'arrivée du christianisme. Ainsi, la signification prêtresse et être pure de son nom Kahena, correspondrait à une tradition animiste en Afrique du Nord, selon laquelle les prêtresses subiraient un rituel de purification.
En prenant pour exemple la reine touareg Tin Hinan que l'on supposait, de la même manière, chrétienne, alors que la découverte récente de son tombeau laisse penser qu'elle était animiste[réf. nécessaire].

Selon certains historiens, elle serait juive, issue de la tribu des Dejrawa. Selon les dernières recherches[réf. nécessaire] effectuées notamment à l'université de Cambridge autour des manuscrits découverts à la Guenizah du Caire (découverts au début du XXe siècle et analysés depuis l'an 2000), le père de la reine Kahena s'appelait Matthias, dérivatif de Matthatias, en hommage au prêtre juif qui a bouté les Séleucides de Judée en -165 (commémoré par la fête de Hanoucca) et qui était le père de Judas Macchabée. Certaines tribus berbères étaient bien judaïsées comme le prouvent les lettres manuscrites retrouvées au Caire[réf. nécessaire], mais ils gardaient les traditions animistes, voire plutôt superstitieuses des temps anciens, comme la main ou le chiffre 5 pour se protéger du mauvais œil.[réf. nécessaire].

Politique de la terre brûlée [modifier]
L'historiographie a également mis l'accent sur la politique de la terre brûlée qui aurait été pratiquée sous la Kahena, d'après Ibn Khaldoun[réf. nécessaire], E.F Gautier, Ibn El Athir et Le Bayan, ce qui aurait motivé le mécontentement des cultivateurs de la côte. Cette version est contestée par certains selon lesquels, il se serait agi, pour les historiens musulmans, de discréditer la reine berbère hostile à l'expansion musulmane : des villes et des villages auraient certes effectivement été brûlés, mais cela s'expliquerait non par l'invasion arabe, mais par le fait que l'Afrique du Nord, depuis la chute de l'empire romain d'Occident, était le théâtre d'affrontements entre Byzantins et autochtones, voire entre Berbères nomades et sédentaires.

Archéologie [modifier]
En Algérie, dans la région des Aurès, aucune étude sérieuse n'a été entreprise à ce jour. Mais depuis 2006, les autorités algérienne affirment entreprendre des recherches[18]. En Tunisie, le seul endroit qui témoigne de l'existence de cette femme est l'amphithéâtre d'El Djem[19]. Le château de la Kahina est en péril dans la wilaya de Khenchela, pourtant classé monument du patrimoine national, ce que déplorent les spécialistes algériens sur place[20].

Postérité [modifier]
Une seule statue est construite à la mémoire de cette femme au Maghreb par l'association Aurès El - Kahina. Le président algérien l' a inauguré en février 2003 au centre ville de Baghaï, ville antique dans la wilaya de Khenchela. Khenchela, est le nom que portait la fille de la reine berbère Kahina.

Tradition orale [modifier]
Entre l'antique Thevest romaine (aujourd'hui Tebessa) et l'agglomération de Bir El Ater se trouve un puits appelé « Bir el kahina » (le puits de la kahina), en référence ou en souvenir du lieu où elle aurait été tuée. À Baghaï, actuellement petit village à une vingtaine de kilomètres de Khenchela, les habitants désignent certaines ruines anciennes comme étant les ruines du « palais de la Kahina ».
Le nom de la rivière Meskian, où Kahina remporta sa première victoire contre le général Ibn Numan, ainsi que celui du village de Meskiana qu'elle traverse, viendrait des mots berbères Mis n Kahina qui signifie « les fils de Kahina ».
Certains berbères chaouis des Aurès disent qu'ils ont le « nez de la Kahina » qui d'une grande beauté aurait eu, un peu comme Cléopâtre, un nez particulier, mais cette fois non pas long mais doté d'une petite bosse.
Dans toute la region des Aurès, le nom Diyya est assez courant chez les chaouis. Aussi, le personnage historique de Dihya est devenue de nos jours un symbole, aux côtés de Massinissa et de Jugurtha, etc. La tradition orale des chaouis ne donne pas beaucoup de renseignements précis sur tout le parcours historique de la Kahina ni même sur sa tribu des Dejrawa. Mais elle reste la reine des chaouis.